« Mes relations avec les compositeurs russes ont été compliquées. Je m’en sentais très proche par mes racines et par mon tempérament, mais j’avais la conviction qu’il fallait que je refuse le succès facile qu’ils pouvaient m’apporter, que cela me détournerait de mon idéal. Pourtant, Rachmaninov était le pianiste que j’admirais le plus au monde. J’aurais voulu défendre encore davantage sa musique, non pas, bien sûr, ses concertos les plus célèbres, mais certaines de ses œuvres les plus belles, injustement négligées, les Variations sur un thème de Chopin, les Danses symphoniques, le Quatrième Concerto… »
« Mes affinités avec la musique française sont grandes, avec Ravel, avec Debussy, et même avec Fauré ou Saint-Saëns. Elles se nourrissent de mon amour pour ce pays, pour sa peinture et sa littérature. »
« Il y a des compositeurs que j’aime infiniment mais que je ne jouerai sans doute jamais. Prokofiev par exemple, dont j’admire les œuvres orchestrales mais qui considère trop le piano comme un instrument à percussion. Ou même Scriabine, car sa musique me semble trop tourmentée, trop vénéneuse. Columbia m’avait proposé dans les années 70 d’enregistrer l’intégrale de ses œuvres pour piano, et c’était pour moi inconcevable. J’ai une admiration immense pour Franz Liszt, mais je n’ai joué que sa Sixième Rhapsodie hongroise, car il me fallait une pièce spectaculaire pour les Community Concerts. J’ai beaucoup de mal à accepter l’idée que pour lui la virtuosité est une fin en soi, et que la matière musicale lui est soumise. Lorsque je joue sa musique, je me sens mal à l’aise. »
(Propos recueillis par Bernard Meillat entre 1987 et 1996)
Voici tous les compositeurs qui ont tenu une place essentielle dans sa vie et dans sa carrière, avec une évocation de ses conceptions et de ses interprétations de leur musique. S’y ajoute un rappel de ses autres passions musicales, de Rosa Ponselle à Frank Sinatra…