Le répertoire concertant de Eugene Istomin comprend 26 concertos.

Il s’est enrichi très rapidement entre 1945 et 1950, date à laquelle il jouait déjà la plupart des œuvres auxquelles il resta fidèle tout au long de sa carrière (Beethoven 4 & 5, Brahms 2, Chopin 2, Mozart 9).

Istomin dirigé par Casals à Prades en 1953

Istomin dirigé par Casals à Prades en 1953

La plupart des pianistes de sa génération avaient choisi de bâtir leur réputation sur des concertos brillants (Rachmaninov 2 et 3, Prokofiev 3, Tchaïkovsky 1, Khatchaturian…). Istomin s’y était refusé, alors que sa virtuosité et ses origines russes (qui ont toujours été aux Etats-Unis un argument de publicité très efficace!) lui promettaient le succès. Par tempérament et par idéal, il jugeait qu’il devait d’emblée se tourner vers les plus hauts sommets du répertoire. Il avait ressenti une affinité particulière avec le Quatrième Concerto de Beethoven et le Deuxième Concerto de Brahms. Il décida de les jouer dès ses premiers concerts à New York, malgré les préjugés des critiques et des musiciens qui estimaient qu’il ne fallait pas les aborder avant un âge avancé et qu’il était prudent de les rôder dans des villes moins exposées.

Ce choix nuisit néanmoins au développement de la carrière d’Istomin et à son image. Les critiques ne pouvaient s’empêcher d’écrire que les interprétations du jeune pianiste manquaient de maturité! Arrivé à la trentaine et devenu célèbre, Istomin prit un malin plaisir à jouer et enregistrer, avec le plus grand succès, le 2ème Concerto de Rachmaninov et le Premier de Tchaïkovsky. Mais il les abandonna assez vite pour se consacrer aux grands compositeurs germaniques et à Chopin. Il ne s’en détourna que pour servir trois œuvres mal aimées : la Symphonie Concertante de Szymanowski, le Quatrième Concerto de Rachmaninov et le 1er Concerto de Leon Kirchner, son contemporain. Il aimait beaucoup ces trois œuvres. Malheureusement la programmation très conventionnelle des grands orchestres américains ne lui permit pas de les jouer souvent.