Ce grand chapitre est un parcours dans l’univers musical de Eugene Istomin. On y trouve l’évocation de sa carrière et de ses relations avec ses compositeurs de prédilection, mais aussi tous les aspects de son activité et de sa personnalité musicale : jouer du piano, interpréter, donner des concerts, enregistrer, enseigner…

En guise d’introduction, voici quelques phrases saisies au fil de diverses interviews, qui sont autant de clés pour pénétrer cet univers.

Qu’est-ce que la musique ? « C’est une construction qui mobilise toute notre conscience. C’est un langage – mélodie, harmonie, rythme, inflexions – qui est mis en forme, et chaque phrase évoque a une signification complète, beaucoup plus riche qu’avec des mots. Un pianiste doit être un acteur, un architecte, un acrobate, un prédicateur, et un poète. »

Que faut-il pour être un bon pianiste? « Une oreille sensible (qui va avec une sensibilité générale, le goût et l’intelligence), une détermination et une discipline poussées à l’extrême. Mais la motivation la plus importante, de loin, est d’avoir quelque chose à dire aux gens. »

Le choix du répertoire : « Je dois croire, je dois avoir l’illusion, qu’une œuvre a besoin de moi, et que j’y ai quelque chose de spécial d’unique à dire. Il y a quantité d’œuvres que j’admire mais que d’autres pianistes jouent très bien…

L’intuition : « J’ai toujours réagi à la musique de façon intuitive et cela n’a jamais changé. »

La sonorité : « La sonorité est la signature du musicien. »

Musique et virtuosité : « Je me définis comme un musicien virtuose, ce qui est une espèce rare. »

L’obsession du chant : « Lorsque je joue du piano, je pense avant toute chose à chanter. »

L’interprétation : « L’objectif essentiel est la clarification. Quand vous étudiez une œuvre vous apportez tout ce qu’un être humain peut lui apporter, intellectuellement et émotionnellement. Vous mettez toute votre conscience au service de vos capacités. Il y a ensuite un processus de simplification, d’éthérification, pour arriver à la communiquer au public avec la plus grande clarté possible. »

La sobriété du jeu : « Ce que je fais musicalement est très dramatique, émotionnel, engagé et passionné, mais extérieurement j’aime donner l’impression que je ne suis que le réceptacle, que je ne suis pas un comédien. Ce que je communique doit venir des notes, pas de mimiques ni de grimaces. »