Erich Leinsdorf à la tête de l’Orchestre Symphonique de Boston

Etrangement, Eugene Istomin et Erich Leinsdorf ne s’étaient pas rencontrés pour la première fois dans une salle de concert, mais lors d’un dîner chez le docteur Bychowski, un disciple de Freud passionné d’art et de musique, qui avait écrit sur Proust et sur Walt Whitman. Gustav Bychowski était censé être leur psychanalyste, il était surtout leur ami. Istomin était venu le consulter pour essayer de comprendre son trac et de trouver le moyen de l’atténuer. C’était en 1949.

Erich Leinsdorf, qui avait été l’assistant de Bruno Walter et d’Arturo Toscanini, était considéré alors comme un très grand chef lyrique et avait triomphé au Met dans le répertoire wagnérien. Il fut également le directeur musical de l’Orchestre de Cleveland, puis de l’Orchestre Philharmonique de Rochester. En 1963, il eut le privilège de succéder à Charles Munch à la tête de l’Orchestre Symphonique de Boston. Il n’y resta que six ans, découragé par les lobbies et les tiraillements administratifs qui le détournaient de la musique. Un des grands reproches qui lui étaient faits était sa réticence à inviter des solistes célèbres, qui étaient censés donner de l’éclat à la programmation mais qui n’apportaient pas grand-chose musicalement. Chaque fois qu’il le pouvait, il se passait de soliste ou bien faisait appel à des musiciens de l’orchestre. Il refusait d’ailleurs de diriger les concertos de Chopin, estimant que le rôle de l’orchestre y était trop mince. Il confia dans une interview à Piano Quaterly en 1986 que le seul pianiste qu’il aurait accepté d’inviter quel que soit le concerto proposé était Vladimir Horowitz.

C’était donc un grand honneur pour Eugene Istomin d’avoir été convié deux fois à Boston pour interpréter des concertos de Beethoven sous sa direction. Istomin lui trouvait parfois un peu trop de rigueur germanique, mais il avait beaucoup d’admiration pour le chef et le musicien, au répertoire et à la curiosité d’une richesse infinie. Il y avait entre eux un respect mutuel et une amitié très cordiale.

Quelques concerts

1952, 26 août. Hollywood Bowl. Beethoven, Concerto n° 5. Los Angeles Philharmonic.

1965, 17 juillet. Tanglewood. Beethoven, Concerto n° 3. Boston Symphony Orchestra.

1969, février. Boston Symphony Hall (3 concerts) & Veterans Memorial Auditorium, Providence (1 concert). Beethoven, Concerto n° 4. Boston Symphony Orchestra.

Concerts à Rochester entre 1948 et 1956 : pas d’informations disponibles.

Il semble qu’aucun enregistrement de concert avec Istomin et Leinsdorf ne soit actuellement accessible.

Document

Erich Leinsdorf dirige le Boston Symphony Orchestra. Beethoven, ouverture d’Egmont.