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Istomin et Munch jouent à 4 mains!

Lorsque Charles Munch mourut à l’automne 1968 d’une crise cardiaque, lors d’une tournée américaine avec l’Orchestre de Paris, qu’il venait de créer, Eugene perdit un grand ami. Il avait dû attendre 1955 pour jouer avec le Boston Symphony sous sa direction, peut-être à cause de la rivalité et de l’inimitié qui opposa un moment les deux grands chefs français qui étaient alors aux USA, Paray et Munch. Paray avait longtemps reproché à Munch d’avoir profité de l’occupation allemande pour faire son chemin, même s’il ne s’était pas compromis avec les nazis. Istomin était très proche de Paray, avec qui il avait fait ses débuts à Pittsburgh et à Paris, et qui l’invitait très souvent à Detroit. Pourtant, le charme de Munch et son sens de l’amitié ont tout de suite conquis Istomin. Munch fuyait les réunions mondaines de la bourgeoisie bostonienne, d’autant qu’il n’avait jamais aimé parler anglais. Souvent, il s’adressait à l’orchestre en français : « Respirez la musique ! ». Il admirait le français d’Istomin, son goût pour les expressions idiomatiques.

Leurs discussions nocturnes, souvent autour d’une bouteille de whisky, étaient de grands moments ! Munch était le neveu d’Albert Schweitzer et Istomin était proche de Casals. C’était un premier lien, mais leurs centres d’intérêt communs étaient multiples. Munch parlait volontiers à Istomin de ses passions pour l’Egyptologie ou pour la peinture ancienne. Munch était très respectueux de ses solistes, même s’il lui arrivait, dans l’exaltation du concert d’oublier le tempo ou le phrasé convenus. Istomin le lui pardonnait volontiers car le sens de la communication de Munch, avec les musiciens comme avec le public, emportait tout sur son passage.

Fatigué, inquiet de premières alertes cardiaques, Munch avait quitté Boston dès 1962, désireux de se ménager et prévoyant de ne plus diriger que comme chef invité, essentiellement en Europe. Mais il s’était laissé convaincre par Malraux de créer l’Orchestre de Paris, énorme tâche qui devait avoir raison de son cœur lors d’une éreintante tournée aux Etats-Unis en novembre 1968. Istomin n’aura pas eu le temps d’être même une seule fois son soliste à Paris…

Munch et BSO aadl.org

Charles Munch et le Boston Symphony Orchestra

Concerts

1955, 7 août. Tanglewood. Beethoven, Concerto n° 4.
1956, 2 & 3 Mars. Boston Symphony Hall. Beethoven, Concerto n° 4.
1958, 8 Août. Tanglewood. Beethoven, Concerto n° 5. Concert enregistré.
1959, 13 & 14 février. Boston Symphony Hall. Schumann, Concerto. Concert enregsitré.
1959, 19 au 21 février. Academy of Music of Philadelphia (19), Academy of Music of Brooklyn (20), Carnegie Hall 21. Beethoven, Concerto n° 4.
1960, 6 août. Tanglewood. Brahms, Concerto n° 2.
1961, 13 au 17 janvier. Boston Symphony Hall (13, 14 & 15) + Veterans Memorial Auditorium, Providence (17). Brahms, Concerto n° 2. Concert enregistré le 14 janvier.

Tous ces concerts ont été donnés avec l’Orchestre Symphonique de Boston.

Musique

Brahms, Concerto n° 2 en si bémol majeur op. 83, les deux derniers mouvements : Andante et Allegretto gracioso. Eugene Istomin, Boston Symphony Orchestra, Charles Munch. 14 janvier 1961