Munch et Dutilleux

Charles Munch et Henri Dutilleux

« Dutilleux est un des plus importants compositeurs de notre époque. Je n’invente évidemment rien en disant cela. Je l’ai découvert grâce à Charles Munch lors d’un concert à Tanglewood où je jouais le Deuxième Concerto de Brahms. En première partie Munch avait dirigé les Métaboles de Dutilleux. Je ressens une attirance particulière pour sa musique si profondément française, si fidèle à l’esthétique debussyste, même si elle est évidemment beaucoup plus moderne et très personnelle. C’est une musique qui n’a rien à voir avec l’esprit germanique. Dutilleux représente pour moi la floraison, l’épanouissement de l’arbre de la musique française. Il y a une complexité d’écriture, une densité, une texture instrumentale, une profondeur d’expression qui me touchent infiniment. Je considère sa Sonate pour piano comme un chef-d’œuvre digne des plus grandes œuvres pour piano du Vingtième Siècle.

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Dédicace du Prélude par Henri Dutilleux

En tant qu’homme, je l’aime et l’admire tout autant. C’est une personnalité très forte, mais aussi très modeste, humble, avec une politesse exquise, un respect, une attention aux autres qu’on ne rencontre presque plus jamais. Je suis très fier qu’il ait accepté ma demande d’écrire une pièce pour le Concours de piano William Kapell, organisé par l’Université du Maryland, que je présidais à ce moment-là. Il n’avait pas écrit pour le piano depuis près de quinze ans et il a composé en 1988 son troisième prélude, intitulé Jeu de contrastes. Je suis très heureux qu’il me l’ait dédié et j’ai eu la grande satisfaction de le jouer en public, en sa présence, en 1996 à la Salle Gaveau. L’émotion et le succès étaient tels que je l’ai bissé aussitôt ! » (Interview avec Bernard Meillat 1997)

Musique

Interview d’Henri Dutilleux