Sergiu Comissiona

Sergiu Comissiona à la fin des années 60

Sergiu Comissiona, né en 1928, était un chef roumain qui avait émigré en Israël en 1959. Clara Haskil contribua à le faire mieux connaître en Europe et il commença sa carrière américaine en 1965 avec l’Orchestre de Philadelphie. Il fut le directeur musical de l’Orchestre Symphonique de Baltimore de 1969 à 1984 et fit de cet orchestre de second plan, une phalange de niveau international.

Dans son autobiographie, My Nine Lives, Leon Fleisher fait de l’homme un portrait très attachant :   « Comissiona était un acteur né. Le théâtre a perdu un grand talent lorsqu’il est devenu chef d’orchestre. Il avait le corps d’un danseur, bougeant sur l’estrade comme un chat qui danserait un ballet dans un dessin animé. Il était aussi un grand mime, qui aurait fait de la concurrence à Marcel Marceau. Il parlait anglais avec un fort accent roumain, mais pour raconter ses histoires il se servait de toutes les parties de son corps : des mains, des lèvres, de ses yeux vifs, de ses sourcils auxquels on était comme suspendus. Et quelles histoires ! C’était un conteur qui nous faisait rire comme des fous. »

Sergiu Comissiona à la fin des années 80

Fleisher, qui fut son assistant à Baltimore, poursuit en évoquant le musicien : « Il était aussi un chef d’orchestre extraordinaire. Sans que cela n’ait rien de péjoratif, je dirai qu’il était le meilleur chef pour la musique de deuxième ordre que j’aie jamais connu. Il avait quelques problèmes avec ses interprétations de Beethoven et de Brahms, qui n’ont jamais atteint les sommets que d’autres atteignaient. Mais dans tout ce qui n’était pas le grand répertoire germanique, il pouvait se montrer vraiment inspiré. Il était un excellent technicien, qui savait parfaitement ce qu’il fallait faire. Il avait investi toute son énergie, son inspiration et son talent dans son travail avec l’Orchestre Symphonique de Baltimore. Avec lui, ils firent leur premier disque et partirent pour la première fois en tournée en Europe. Sergiu ne cessa d’insister, disant qu’il ne serait pas satisfait tant que l’orchestre, qui se produisait à l’Opéra, n’aurait pas sa salle de concert bien à lui. »  Sergiu Comissiona finit par avoir gain de cause, et le 16 septembre 1982, une magnifique salle de concerts de 2500 places fut inaugurée, le Joseph Meyerhoff Concert Hall, du nom du richissime Baltimorien qui la finança en bonne partie.

Dans une interview de 1987, Comissiona avait déclaré : « Je suis un chef d’orchestre américain, en dépit de mon accent. J’adore la musique française, la musique allemande, la musique russe. C’est pourquoi je suis resté très jeune. Je n’ai pas honte d’adorer la musique ». Eugene Istomin donna plus d’une vingtaine de concerts sous la direction de Sergiu Comissiona, toujours en parfaite entente musicale et humaine. Comme son ami Fleisher, il appréciait beaucoup cet homme plein d’humour certes, mais qui se distinguait aussi par sa grande culture et par son extrême courtoisie. Comissiona avait toujours fait passer son amour de la musique avant le carriérisme, et pour Istomin, c’était la seule raison pour laquelle on ne lui avait pas proposé la direction musicale des plus prestigieux orchestres.

1969. Frederick (Maryland). Mozart, Concerto n° 24. Baltimore Symphony.
1971, 14 & 16 mars. Buffalo. Schumann, Concerto. Buffalo Philharmonic.
1974, 2 août. Saratoga. Schumann, Concerto. Philadelphia Orchestra. Concert enregistré.
1977, 29 juillet. Temple University. Beethoven, Concerto n° 5. Pittsburgh Symphony.
1977, 19 octobre. Baltimore Lyric Theater. Beethoven, Concerto n° 3. Baltimore Symphony
1978, 15 juillet. Temple University. Beethoven, Concerto n° 3. Pittsburgh Symphony.
1979, 3 août. Temple University. Brahms, Concerto n° 2. Pittsburgh Symphony.
1980, 13 et 14 septembre. Brahms, Concerto n° 2. Houston Symphony. Concert enregistré.

Dates avec le Baltimore Symphony et d’autres orchestres indisponibles. Aucun enregistrement accessible pour le moment.

Sergiu Comissiona, à la tête de l’Orchestre de la Radio Télévision Espagnole, dirige le dernier mouvement de la Quatrième Symphonie de Brahms. En sous-titres (en espagnol), des commentaires sur la construction de l’œuvre.